ILC 2022 : parlons de la PBC

ILC 2022 : parlons de la PBC

ILC 2022 : parlons de la PBC

L’International Liver Congress (ILC)1 est un événement clé à l’occasion duquel les professionnels se réunissent pour discuter de la prise en charge des pathologies du foie et des efforts de recherche sur ces maladies. Après plusieurs éditions virtuelles, il était particulièrement appréciable de pouvoir interagir, discuter et débattre en présentiel cette année.

L’un des principaux sujets de mes travaux cliniques et universitaires est la cholangite biliaire primitive (PBC), une maladie du foie dite « rare » qui représente un fardeau considérable pour les patients, avec notamment un risque constant de développer une cirrhose. La PBC est une pathologie moins fréquente que de nombreuses autres maladies du foie (elle concerne une femme de plus de 40 ans sur 1 000)2. Des congrès internationaux dynamiques tels que l’ILC nous permettent donc de sensibiliser les professionnels n’ayant pas de connaissances spécialisées sur le diagnostic, la prise en charge et la surveillance de cette maladie.

Le symposium « Current challenges in Primary Biliary Cholangitis: Debating the care odyssey », parrainé par divers acteurs de l’industrie, était une belle opportunité d’échanger, de s’informer et de diffuser des connaissances sur la PBC. Cet événement a permis de mettre en lumière différentes facettes de la PBC vis-à-vis des cliniciens et patients. J’ai été invité par Ipsen avec deux collègues également experts de la PBC, les Professeurs Cynthia Levy (États-Unis) et David Jones (Royaume-Uni), pour débattre sur la question de savoir si le diagnostic tardif de la PBC représente le plus grand défi de cette pathologie. Nous partagions tous le même point de vue, s’agissant notamment d’améliorer la qualité des soins des patients atteints de PBC en identifiant les aspects de la maladie qui ont un impact sur leur qualité de vie.

Il est clairement ressorti des discussions qu’un diagnostic rapide est la clé d’une prise en charge efficace de la PBC, d’autant plus que la maladie peut progresser jusqu’à un point où la réponse au traitement devient moins probable. Néanmoins, il a également été évoqué, parmi les contre-arguments, que le diagnostic ne représentait pas le seul besoin non satisfait dans la PBC. En l’absence de traitements efficaces permettant de modifier l’évolution de la maladie tout en traitant les symptômes, la prise en charge de cette maladie peut être difficile. La PBC doit être correctement diagnostiquée à un stade précoce, toutefois la réussite du diagnostic ne doit pas occulter la nécessité d’un traitement efficace chez les patients à haut risque déjà identifiés. En outre, le contrôle des symptômes et la qualité de vie sont deux aspects tout aussi importants qui devraient être pris en compte dans la mise au point de nouveaux traitements ainsi que la prise de décisions relatives à la prise en charge.

Le débat s’est orienté vers de nombreux aspects cliniques des soins des patients atteints de PBC. La prise en charge de la PBC est de plus en plus dynamique ; de nouvelles innovations pharmacologiques sont en cours développement, et notre pratique doit s’adapter à ces changements3–5. L’ILC est une excellente occasion d’ouvrir le dialogue avec les cliniciens du monde entier à ce sujet. Grâce à ces échanges, nous continuons à nous rapprocher de l’objectif d’apporter les meilleurs soins à chaque patient, quel que soit l’endroit où il vit.

La PBC et les maladies hépatiques de type cholestase qui sont associées ont été d’importants sujets de discussion tout au long du congrès, avec diverses présentations de travaux de recherche sur les composantes inflammatoires et cholestatiques de cette maladie, des outils d’évaluation de la qualité de vie spécifiques à la PBC et des pratiques de reporting de données sur les soins basées sur la population de patients. D’autres sujets essentiels ont été abordés, comme les cibles de traitement et les méthodes que nous pouvons adopter pour fournir un traitement personnalisé aux patients atteints de cette maladie hépatique auto-immune chronique, tout au long de leur vie. L’identification des patients à haut risque, ayant eu une réponse insuffisante au traitement de référence et qui auront besoin d’un traitement de deuxième ligne ultérieurement, reste également un défi. Enfin, le sujet controversé du syndrome de chevauchement reste un thème de discussion central dans la PBC. Nous espérons néanmoins que lorsque nous serons mieux en mesure de traiter les patients atteints de PBC avec des thérapies plus efficaces, plus tôt dans leur maladie, ils seront moins nombreux à présenter des caractéristiques de chevauchement dans l’évolution de leur maladie.

Nous entrons dans une nouvelle ère, où une meilleure compréhension de la maladie, en parallèle des avancées thérapeutiques, nous permettra de proposer des interventions plus pertinentes aux patients atteints de PBC.

Prof. Gideon Hirschfield

Université de Toronto, Canada

  1. International Liver Congress 2022. https://easl.eu/event/international-liver-congress-2022/. Accessed August 2022.
  2. Hirschfield GM et al J Hepatol 2017;67:145–172
  3. Lindor KD et al Hepatology 2022;75:1012–1013
  4. Louie JS et al Clinical Liver Disease 2020;15:100–104
  5. Benedetta T et al J Autoimmunity 2019;105

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